• 9 avril

    Je fais un bond dans le temps. Entre décembre et avril, j'ai évidemment fait d'autres excursions, mais les rebondissements de la vie et surtout quelques soucis d'ordi me poussent à écrire sur mes toutes dernières promenades.

    Allez, malgré tout, je suis certaine de vous avoir manqué.

    Je vais régulièrement à Waseda, il y a des cours donnés par des bénévoles pour qui veut étudier le japonais. Entre deux cours, je me suis échappée pour retrouver trois estampes.

     

    Près de WasedaN°40 せき口上水端はせを庵椿やま, Sekiguchi jōsuibata Bashōan Tsubakiyama, L'ermitage de Bashô et la colline aux camélias près de l'aqueduc à Sekiguchi

    Le lieu existe toujours avec quelques légers changements. Il est loin le temps où l'endroit n'était que des rizières puisque l'université de Waseda s'y est établie en 1882. Toutefois, la Kandagawa coule toujours au pied de la colline aux camélias.

    Près de Waseda

    L'aqueduc de Kanda prenait sa source dans l'étang Inokashira et longeait la Kandagawa jusqu'à la digue de Sekiguchi qui marquait la limite de la ville. Aujourd'hui, mis à part la Kandagawa, tout ça a disparu et les limites de la ville furent repoussées bien plus loin que la colline aux camélias propriété de la famille Hosokawa.

    Il y a le temple Suijinsha consacré à la divinité des eaux sensée protéger, entre autre, l'aqueduc (aujourd'hui connu sous le nom Mizuinari). A côté se trouvait le Ryugean "le refuge du dragon", un ermitage connu pour la vue magnifique qu'il offrait depuis les pentes sur lesquelles il était construit. Cet ermitage devint celui du célèbre poète Matsuo Bashô car en 1743, ses disciples établirent un mémorial nommé Bashôan. Il était dit que Bashô avait vécu ici quelques temps, auprès d'un seigneur en charge de la maintenance de l'aqueduc... Un bâtiment fut construit mais plus tard. Au début, le mémorial n'était en fait qu'un tertre surmonté d'une stèle. Ce tertre s'appelle Samidarezuka "remblais de l'averse du mois de mai".

     

    Près de WasedaN° 116 高田姿見のはし俤の橋砂利場, Takata Sugatami no hashi Omokage no hashi Jariba, les ponts Sugatami, Omokage et Jariba à Takata.

     

    A l'époque, il n'y avait que des rizière. Au premier plan, se trouve le pont Omokage et plus loin c'est le pont Sugatami, à moins que ce soit le nom d'un seul pont. En effet, Omokagenohashi et Sugataminohashi  signifie "pont des images reflétées". Les ponts mènent à Hikawa-jinja construit en 1730 par tokugawa Yoshimune.

    Le lieu était aussi connu pour son "quartier vert" à proximité où travaillaient les courtisanes de basse catégorie. Toutefois, à l'époque d'Hiroshige tout avait été rasé et remplacé par des auberges.

    Aujourd'hui, le paysage est urbain, l'aqueduc n'est plus mais le nom des ponts est resté.

    Près de Waseda

     

    Près de WasedaN° 115 高田の馬場, Takata no baba, L'hippodrome Takata

    Je suis sûre que ça vous rappelle quelque chose. Et oui, la station JR où est joué la musique d'Astro Boy d'Osamu Tezuka porte le nom de Takadanobaba.

     

     

    On aurait pu retrouver un vaste espace vert car les délimitations du site sont toujours visibles sur les cartes, mais maintenant c'est un petit quartier résidentiel.

    Près de Waseda

     Durant l'ère Edo, les guerriers étaient plus ou moins au chômage technique. Il fallait donc faire en sorte qu'il ne perdent pas leur aptitude martiale ni leurs valeurs. On aménagea alors des lices pour les entraînements hippiques. Ces lices se nomment baba 馬場.

    Celui de Takata fut aménagé en 1636 par Matsudaira Shingozaemonnojo Naottsugu. On y pratiquait outre le tir à l'arc traditionnel, le tir à l'arc à cheval : le Yabusame 流鏑馬.

    Aujourd'hui, Waseda et Takadanobaba sont encore emplies de cet héritage culturel : le tampon de la gare de Takadanobaba représente une scène de Yabusame, le temple Anahachimangu possède une statue d'un archer à cheval juste à côté de son torii, enfin, en octobre, pendant Taiiku no Hi 体育の日(le jour de l'éducation physique) dans le parc Toyama, vous pourrez observer une démonstration de yabusame qui se fait ici depuis 1979.


  • Lundi 16 décembre

    Cette fois-ci je dois me rendre à Ginza alors j’en profite pour aller du côté du palais impérial pour vérifier quatre références.

    Près du palais impérial...N°51 糀町一丁目山王祭ねり込, Kōjimachi itchōme Sannō Matsuri nerikomi Le cortège du festival Sannô à Kôjimachi Itchôme

    Eh bien la structure du palais impérial n’ayant pas changé, la vue est la même…bon, sans le cortège... C’était un jour calme quand j’y étais. Il n’y avait même pas de jogger ! C’est dire. Donc la vue donne sur la porte Hanzomon et la douve Sakurada, nouveau nom pour la douve Benkei. Le cortège vient du sanctuaire Sannô Hiei que j’avais vu quelques jours plus tôt.

    Près du palais impérial...

    Tous les 2 ans, du 10 au 16 juin, une procession de 57 sanshâ était préparée par les 160 quartiers de la ville. Cependant en 1841, les décrets interdirent un tel étalage de luxe et les processions devinrent plus modestes.
    Le jour de la fête de la divinité du sanctuaire de Hie Sannô, la procession se rendait au château princier. Tout le chemin était clôturé de bambous et pavé. Il y avait également des lanternes et des décors multicolores ainsi que des estrades pour des représentations théâtrales. Ici le premier char est celui du quartier Minami Demmachô qui est surmonté d'une statue de singe. C'est le messager de Sannô. Le char au premier plan est celui d'Odemmachô qui est surmonté d'un coq.
    Le tambour que l'on voit vient d'une tradition chinoise importée au Japon au VIIème s. par L'empereur Kotoku. En Chine, à l'entrée des lieux publics, un tambour était installé et n'importe qui pouvait en battre pour signaler une injustice.
    Sur l'estampe, on peut voir au loin Hanzomon 半蔵門. Cette porte doit son nom à Hattori Hanzo
    服部 半蔵 qui était le chef d'un des plus puissants clan ninja. Il était aussi surnommé le Démon à cause de sa férocité au combat.

    Près du palais impérial...N°54外桜田弁慶堀糀町, Soto-Sakurada Benkeibori Kōjimachi La douve Benkei de Soto-Sakurada à Kôjimachi

    On longe la douve pour aller du côté de Sakuradamon. Aujourd’hui le lieu est surtout synonyme du siège de la police, mais c’est le nom d’une des portes du palais. Donc presque pareil… Il y a toujours le corps de garde mais le réservoir qui s’appelait la fontaine de cerises et la demeure du seigneur Hikone ont disparu.

     

    Près du palais impérial...

    Le nom de Sakurada vient d'une anecdote liée au premier shôgun, Ieyasu Tokugawa. Quand ce dernier vint à Edo pour établir sa future capitale en 1590, il fut tellement impressionné par la vue des cerisiers qu'il ordonna qu'on les transfère sur le territoire du château.
    Sakurada fut partagée en un quartier intérieur, Uchi-sakurada, et extérieur, Soto-sakurada qui englobait plusieurs quartiers dont Kojimachi. C'était l'un des plus anciens quartiers d'Edo où s'installèrent les fudai daimyos et les branches cadettes de la famille Tokugawa.
    Quant à la douve Benkei dont j'ai déjà parlé dans d'autres articles, elle tire son nom de Benkei Kozaemon, un célèbre constructeur de ponts.

    Près du palais impérial...N°2霞がせき Kasumigaseki

    Je crains que de Kasumigaseki, il ne reste que le nom d’une station… Il y avait les maisons de deux daimyos visibles : celle d’Asano d’Hiroshima et celle de Kuroda de Fukuoka. Je ne sais pas exactement quelle rue est représentée mais comme on voit la baie dans l’arrière plan, je suppose que la vue fut prise en direction du parc d’Hibiya. Comme aujourd’hui on ne voit plus la baie ou la mer… Il faut trouver d’autres repères. Reste à savoir si les demeures des daimyos sont devenues le Ministère de la Justice, celui des Affaires étrangères ou de la Finance…

     

    Près du palais impérial...

    J'aime beaucoup le nom "Kasumigaseki" : le poste des brouillards. Il est lié à la légende de Yamato Takero-no-mikoto qui subit une terrible tempête dans la baie de Sagami. Les éléments se calmèrent après le sacrifice de son épouse, Ototachibanahime, qui se jeta dans la mer pour apaiser les dieux. Sain et sauf, il débarqua et monta sur une colline si élevée qu'elle semblait percer les nuages et les brouillards. Il décida alors d'y installer un poste frontalier.

    Les terres de Kasumigaseki furent distribués aux plus puissants daimyos.
    Sur l'estampe, plusieurs éléments rappellent les festivités du Nouvel An comme la présence des kadomatsu 門松, les petits pins que l'on met à l'entrée des demeures.
    Une procession arrive menée par un homme en costume de fête, le kariginu, et coiffé d'un chapeau de cérémonie. Il tient un bâton avec des bandelettes pliées de manières spéciales, les gohei

    御幣. Ce bâton est nommé mando, ce qui signifie 10000 fois. Il représente la purification après la prière (ou plutôt la danse sacrée) accordée par la divinité dans le shintoïsme. Derrière lui, on retrouve des acteurs qui interprèteront les daigakura, les danses rituelles dont la danse du lion shishimai est le clou du spectacle !
    Ils allaient de maison en maison et chantaient aussi des chants bienveillants, les manzai, qui veut littéralement dire 10 000 ans.

    Près du palais impérial...N°3 山下町日比谷外さくら田, Yamashita chô Hibiya Soto-Sakurada Le quartier Hibiya et les environs de Soto-sakurada vu depuis le quartier Yamashitachô

     

     La vue n'a pas changé. La douve est toujours là mais je n'étais pas présente le jour de l'an pour vérifier si quelqu'un utilisait les raquettes hagoita 羽子板 ou jouait avec un cerf-volant... même si je pense que beaucoup de personnes trouveraient ça étrange....

    Près du palais impérial...

    C'était l'un des quartiers les plus luxueux d'Edo, mais Hibiya était à l'origine une petite bourgade de pêcheurs avant que les terres soient distribuées aux grands seigneurs. L'une des plus importantes demeures était celle des Nabeshima, gouverneur de la province de Saga.


  • Samedi 14 décembre

    C’est reparti !!

    Ce soir, je dois être à Odaiba pour le concert de the pillows ! Je suis très heureuse de pouvoir enfin les revoir mais j’ai un peu de temps dans la matinée et la journée pour rechercher quelques sites qui me mèneront du côté de Shimbashi où je pourrai reprendre la Yurikamome.

    Je suis donc partie à pied de la gare de Shinjuku, en empruntant Shinjuku dori jusqu’à Yotsuya. J’ai poursuivis sur Sotobori dori, grande voie menant au palais d’Akasaka.

    Quand on longe le terrain appartenant au palais, sur la gauche, on peut bientôt apercevoir une douve. C’est précisément à cet endroit qu’Hiroshige fit l’estampe n° 85

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°85 紀ノ国坂赤坂溜池遠景, Kinokunizaka Akasaka Tameike enkei La colline Kinokuni et vue distante d’Akasaka et de l’étang de Tameike.

    L’étang qui se trouve là est la douve Benkeibori du château d’Edo.

    Au fond, on voit le quartier d’Akasaka qui aujourd’hui est devenu un quartier d’affaires. Le lieu est aussi un croisement entre plusieurs grandes voies mais aussi plusieurs lignes de métro. Mis à part la douve et le palais qui a gardé ses « murailles » et certaines anciennes portes, rien n’est semblable à ce que l’on pouvait apercevoir à l’époque d’Hiroshige.

     

    D'Akasaka à Shimbashi....

     

    Autrefois Akasaka servait d'avant-poste pour défendre l'accès au palais du shôgun. On y trouvait les résidences de quelques daimyôs, en particulier celui de Kii (Wakayama) qui faisait partie d'une branche cadette de la famille Tokugawa. C'est ce domaine qui aurait donné son nom à la colline kinokunizaka. Le territoire du domaine n'a pas changé mais un hôtel s'y est établi aujourd'hui.
    Sur cette estampe, des samouraïs longent la douve Benkei qui faisait partie de Sotobori, la grande douve externe à laquelle tous les féodaux devaient participer, soit physiquement soit financièrement. Cette formidable réalisation permit à Ieyasu de garder les puissants sous sa coupe et de les éloigner de toute tentative de rébellion.
    Le nom Benkei vient de Benkei Shozaemon qui prit en charge sa construction mais l'un des daimyôs, Asano Sakyodayu Yoshinaga, y mit tant d'énergie qu'il en fut remercié en étant nommé gouverneur de la province de Kii.

     

     

     

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°119 赤坂桐畑雨中夕けい, Akasaka kiribatake uchū yūkei Pluie nocturne dans le jardin de paulownia à Akasaka.

    Je n’allais ni attendre la nuit, ni la pluie. Le lieu se trouve à deux pas du lieu précédent. On retrouve toujours la douve Benkeibori et on voit les personnages se diriger vers la porte Akasakamon du palais d’Edo.

    C’est donc la porte devant laquelle je suis passée sur Sotobori dori.
    Cette vue peut donc être observée depuis le pont qui mène au célèbre hôtel New Otani.

     

    D'Akasaka à Shimbashi....

     

    La pente est toujours là aujourd’hui, le terrain est resté tel quel mais les paulownias ont disparu, coulés dans le béton…

    Mais pourquoi Akasaka se nomme ainsi ?
    Le lieu était réputé pour sa garance, un célèbre colorant de couleur rouge. L'endroit était aussi appelé Akaneyama.

     

     

     

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°52 赤坂桐畑, Akasaka Kiribatake Le jardin des paulownias à Akasaka

    On continue sur Sotobori dori !! Jusqu’à Hie Jinja qui donne sur le Kokkaigijido, la Diète en français.

    Mais comme je le disais, on oublie les paulownias du daimyô Kuroda. Il n’y en pas plus ici qu’il n'y en avait quelques mètres plus en amont.

    Le plan d’eau que l’on voit sur l’estampe devait correspondre à la douve de Tameike qui n’existe plus aujourd’hui. Par contre, les bâtiments au loin sont ceux de Hie Jinja, enfin Hiei Sannô que l’on peut toujours voir aujourd’hui. Il est facilement repérable grâce à ses grands torii qui donne sur Sotobori dori.

     

    D'Akasaka à Shimbashi....

     

     L'étang de Tameike résultait d'une erreur de calcul pendant qu'on creusait le fossé pour Sotobori. Il fut aussi  l'oeuvre d'Asano Yoshinaga.
    Le terrain touchant l'étang fut planté de pawlonias (kiri en japonais d'où le nom kiribatake) mais furent rapidement coupés et remplacés par des maisons d'habitation et de plaisance. Quelques uns subsistèrent jusqu'à l'époque d'Hiroshige. Quand à l'étang, avec les constructions, il commença à s'assécher et fut comblé en 1910.

     

     

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°113 (虎の門外あふひ坂, Toranomon soto Aoizaka La pente d’Aoi à l’extérieur de la porte Toranomon

    Nous avons toujours Toranomon, enfin la bouche de métro Toranomon car la porte n’est plus là. Pour la pente c’est plus difficile. Sur les plans environnants, les noms des pentes sont bien indiquées mais pas celle d’Aoi.

    L’avantage c’est que sur l’estampe, le sanctuaire de Kotohira-gu est représenté (appelé aussi Konpira-jinja). C’est un bon indice mais pas suffisant pour trouver l’endroit exact. Surtout que de nos jours, la chute d’eau a disparue tout comme la douve !

     

    D'Akasaka à Shimbashi....

     

    Le nom Toranomon viendrait soit d'un cerisier odoriférant appelé Toranoo qui poussait sur le domaine de la famille Naito toute proche de la porte du château du shôgun, soit son nom proviendrait d'un évènement lié à l'ambassade de Corée venue rendre hommage au shôgun. Elle venait avec un tigre en cadeau mais sa cage était si imposante qu'elle ne put passer par la porte. Celle-ci fut détruite et quand on la reconstruisit, on la nomma Toranomon, le porte du tigre.
    La porte n'est pas représentée. La scène se déroule sur la pente Aoizaka (la pente aux mauves) qui longeait le déversoir de l'étang Tameike.
    Deux bâtiments sont visible, celui appartenant à Sannô jinja et celui de Konpira.

    Vous aurez remarqué les deux personnages presque nus se baladant au premier plan. Il font kan-mairi. C'est une forme d'ascèse  pratiquée par temps froid. C'est sur la lanterne du plus jeune personnage que l'on peut lire leur destination : Konpira Daigongen, un sanctuaire fondé au 17ème s sur le territoire de la demeure du daimyô Kyogoku, propriétaire du château de Marugame sur l'île de Shikoku.


     

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°112愛宕下薮小路, Atagoshita Yabukōji Atagoshita et la rue Yabu

    Et là, c’est le drame !! On sait que l’estampe se situe près du mont Atago mais les demeures des daimyos du clan Kato de Minakuchi ou Hijikata de Komono ont disparu. Pas de trace de la rue Yabukoji… enfin pas de plan non plus sur place pour vérifier…

    Et plus de canal non plus ! Cela mérite de grandes recherches en bibliothèque pour démêler tout ça !

     

    D'Akasaka à Shimbashi....



    Ce que je fis.... Mais tout ce que j'appris c'est que ce quartier au pied du mont Atago était un quartier aristocratique. La rue devait son nom aux broussailles de bambou. D'ailleurs, une haie de bambous occupe le premier plan sur la droite. Elle délimitait la demeure de domaine Kato. La haie de bambou était une protection magique. A l'époque, on pensait que les démons arrivaient par la direction Nord-Est.  Cette direction est nommée kamon. Afin d'être protégé, on érigeait des haies de bambous. Quand le château d'Edo fut construit, on fit de même, on déplaça des temples dans cette direction qui servirent de barrières protectrices.

     

    D'Akasaka à Shimbashi en passant par Yotusya....N°21 芝愛宕山, Shiba Atagoyama Le mont Atago à Shiba

    Nous voilà au mont Atago ! Et croyez-moi, il faut avoir du cœur pour monter toutes ces marches !! Mais tout en haut, il reste difficile d’observer la baie.
    Et surtout, je me demande comment le petit vieux de l'estampe n'est pas resté sur le carreau...

     

    D'Akasaka à Shimbashi....

    Au temple d'Atago, il existe une célèbre fête : Bishamon matsuri. Bishamon-ten est le gardien du Nord dans le panthéon bouddhique et c'est aussi un des 7 dieux du bonheur, les shichifukujin. Cette fête a lieu le 3 janvier et on prie les dieux pour la paix, le bonheur et une bonne récolte. 
    Cette fête consiste en une procession menée par "le messager de Bishamon". Il sort du bâtiment principal du sanctuaire, emprunte otoko no zaka (la pente des hommes), se dirige vers Empukuji où un repas de cérémonie a lieu, revient vers Atago-jinja en prenant onna non zaka (la pente des femmes). Il porte un bâton nommé shâku 笏 avec lequel il frappe une planche. Il porte à la ceinture un pilon et sur sa robe il y a des algues comestibles. Sur la tête, il porte un casque en forme de chaudron où on accrochait une mandarine et des feuilles de fougères. Certaines personnes pensent que le personnage n'est autre qu'Hiroshige lui-même.


  • 12 décembre

    Le matin avant d’aller au travail, je fais un gros détour par Shinjuku. Même si nous approchons à grand pas de l’hiver, les températures restent encore douces sur Tokyo et il y a un magnifique ciel bleu. C’est donc des journées idéales pour sortir, se balader et partir à la recherche des vues d’Edo.

    Je suis allée en direction du « central park » de Shinjuku, celui qui se trouve en face du siège du gouvernement métropolitain, cet immense immeuble construit par Kenzo Tenge dont il tira son inspiration de Notre-Dame de Paris et d’une puce électronique.

     

    Du côté de Shinjuku...N°50 角筈熊野十二社俗称十二そう, Tsunohazu Kumano Jūnisha zokushō Jūnisō  Le sanctuaire Kumamo à Tsunohazu aussi connu sous le nom de Juniso.

    Ce sanctuaire fut fondé pendant l’ère Oei par Suzuki Kuro, natif de la province de Kii (autour de Wakayama) où se trouvent les sanctuaires de Kumamo originaux. Ils sont nommés Junisha car ils sont dédiés à 12 divinités.

    Ce sanctuaire existe toujours. Il est situé à l’angle Nord-Ouest du parc. Après tout, on ne détruit pas les lieux sacrés. C’est peut-être une grande chance car ils servent de repères dans mes recherches.

     

    Du côté de Shinjuku...

     

    Cependant, le lac qui est représenté sur l’estampe lui n’existe plus. D’après les photos que l’on peut trouver dans le sanctuaire, il semblait encore être un lieu de plaisance fort prisé il n’y a pas si longtemps.

    Il devait se trouver de l’autre côté de la route qui borde le temple mais aujourd’hui, il n’y a plus que des immeubles d’habitation. Le seul point d’eau que vous trouverez, c’est le minuscule étang qui est à côté du Honden du sanctuaire !

    Sinon, allez voir les jeux d’eaux qui se trouvent dans le parc…

     

    Du côté de Shinjuku...N°42玉川堤の花, Tamagawa tsutsumi no hana Cerisiers en fleur le long de la Tamagawa

    En fait, quand j’ai vu le titre je fus fort étonnée… La Tamagawa ??!! à Shinjuku ??!!

    En fait, ce n’est pas la rivière qui y coulait mais l’aqueduc qui détournait de l’eau de la Tama pour les habitants de la ville d’Edo. C’est Tokugawa Yoshimune qui en ordonna la construction suite à une tentative d’attentat et aussi par crainte que la capitale brûle et qu’il n’y ait pas d’eau pour éteindre les foyers d’incendie.

     

    Du côté de Shinjuku...

     

    Je ne sais pas vraiment où passait l’aqueduc mais il doit y avoir des « restes » au parc de Shinjuku : le Shinjuku Gyoen National Garden. Toutefois, cette estampe montre les demeures de certains daimyo et aujourd’hui, le lieu ainsi décrit serait en fait le Takashimaya qui se situe à la porte Sud de la gare de Shinjuku.

     

    Du côté de Shinjuku...N°86 四ッ谷内藤新宿, Yotsuya Naitō Shinjuku Naito Shinjuku à Yotsuya

    Oui, ça aussi comme titre c’est assez bizarre. Mais ne vous étonnez pas si je vous dis qu’il n’y a plus de chevaux du côté de Shinjuku… Nan j’ai vraiment cherché mais la poste maintenant utilise d’autres moyens de transports et les gens qui s’arrêtent dans les hôtels environnants aussi. Donc plus de bouses (même pas de crottes de chien… affligeant… je ne peux même pas faire une photo à peu près ressemblante ! Je vous jure tout se perd…)

     

    Du côté de Shinjuku...

     

    Mais pourquoi Naito ? C’était le nom de la famille daimyo dont on voit la demeure sur l’estampe. Shinjuku lui appartenait jusqu’à ce qu’il partage son territoire avec ses six vassaux. Quand des auberges et des maisons de plaisance eurent le droit de s’établir dans le quartier, le lieu prit le nom de Naito Shinjuku. C’était vraiment un endroit de passage car la route de Koshikaido passait par là. C’est toujours le cas remarquez…

    En 1718, à cause d’une brouille entre un samouraï et un tenancier, tout commerce y fut interdit jusqu’en 1772 et il devint alors un des quartiers les plus animés de la capitale. Ca non plus ça n’a pas changé.

     


  • 7 décembre.

    Journée de repos, ou presque... J’enfile de bonnes chaussures direction Ueno !
    Figurez-vous que c’est peut-être l’endroit de Tokyo où les paysages d’Hiroshige sont encore semblables !! Etonnant non ?
    Meguro qui fut presque inoccupé à l’époque subit une transformation radicale alors qu’Ueno, quartier plus ancien, a su plus ou moins garder son caractère d’antan.

     

    Le premier arrêt fut la station Suidobashi.

    N°48水道橋駿河台, Suidōbashi Surugadai Le pont Suido et le quartier Surugadai

    De Ueno à AkihabaraEt bien aujourd’hui, depuis le pont Suido, nous pouvons effectivement voir la Kandagawa mais abandonnez l’idée d’apercevoir le Mont Fuji… ou même les carpes flotter durant Koi nobori. La principale attraction c’est peut-être le Tokyo Dome et ses nombreux spectacles ou matchs de baseball.

     

     

    De Ueno à Akihabara

     

    Le nom de Surugadai provient de la province de Suruga (aujourd'hui cela correspond à le préfecture de Shizuoka). En effet, après la mort de Tokugawa Ieyasu, cette zone d'Edo fut occupée par des fonctionnaires issus du domaine de Sunpu (駿府藩, Sunpu-han, aujourd'hui Shizuoka).
    Quant aux étendards, il y a des fukinagashi
    吹き流し : les étendards militaires constitués d'une longue hampe où on attachait des rubans de soies ballotées par le vent et les nobori : étendards verticaux avec des voeux de bonheurs et des représentations du géant  Shoki vainqueurs des démons.
    Ces étendards ont évolué avec le temps. Au départ, ils n'y avait que trois couleurs : jaune, rouge et bleu et les représentations étaient des scènes guerrières. Peu à peu, ils s'agrandissent et deviennent polychromes puis les étendards munies de carpes font leur apparition.

     

    N°117 湯しま天神坂上眺望, Yushima Tenjin sakaue chōbō Le sanctuaire Yushima Tenjin vu du haut de la colline.

    De Ueno à AkihabaraMais quelle colline me direz-vous ?? Eh bien Otoko no zaka 男の坂, le passage pour les hommes car il y a une pente plus douce pour les femmes (Onna no zaka 女の坂). Mais figurez-vous que vous pouvez vous tenir à l’endroit exact d’où l’ensemble fut peint ! C’est d’ailleurs assez extraordinaire. Cependant, la vue sur l’étang Shinobazu et le temple de Benten est bloqué par les immeubles qui ont poussés comme des champignons. Si vous souhaitez retrouver la vue d’autrefois, peut-être devriez-vous vous inviter chez les personnes qui habitent dans l’immeuble juste à côté du temple.

     

    De Ueno à Akihabara

     


    A l'époque le quartiers était entouré de pruniers, de maisons de thé mais aussi de maisons de passe... Et les citadins venaient aussi pour jouer à la loterie qui n'était alors autorisée que dans de rares endroits.
    Je vous avouerai que je ne sais pas pour les maisons de passe, je n'ai pas vraiment enquêté, mais le quartier semble beaucoup moins animé. La loterie, fut remplacée par le pachinko ou le loto mais ces établissement ne se sont pas établis à proximité du temple.

     

    N°11 上野清水堂不忍ノ池, Ueno Kiyomizu-dō Shinobazu no ike Le pavillon Kiyomizu et l’étang Shinobazu

    N°89 上野山内月のまつ, Ueno sannai Tsuki no matsu
    Le "pin de la lune" a Ueno

    De Ueno à AkihabaraDe Ueno à Akihabara

     

     

     

     

     

     

     

    Voici également un endroit qui n’a pas changé d’un pouce !! Même le pin de la lune est toujours là et on semble en prendre très grand soin !

    C’est assez difficile d’avoir le même point de vue que l’artiste car il faudrait être un peu plus en hauteur, mais si vous disposez d’une échelle… ou que vous grimpez sur l’arbre à proximité (attention, je suggère, mais ne cautionne pas), vous pourrez profiter du même paysage qu’Hiroshige en son temps.

     

    De Ueno à Akihabara

     

     

    De Ueno à Akihabara

     


    Depuis la terrasse du pavillon Kiyomizu, et s
    i vous regardez à travers le cercle du "pin de la lune", vous pourrez observer l'étang Shinobazu et le temple de Benten construit à l'image de celui de l'île de Chikubu sur le lac Biwa.
    Lee pavillon appartient au monastère Kanei-ji situé plus au nord (près de la station JR Uguisudani). A l'époque, au-delà de l'étang, s'étendait un quartier occupé par le daimyô Maeda, seigneur de Kaga (préfecture d'Ishikawa) aujourd'hui remplacé par un des campus de l'université de Tokyo (Tôdai - campus Hongo)

     

    N°12 上野山し  Uneo Yamashita Ueno Yamashita

    De Ueno à AkihabaraIl est difficile de savoir exactement quel est l’endroit qui était représenté alors. Je suppose que c’est au pied de l’entrée du parc, vers la station Uneno Keisei. Mais aujourd’hui, notre seul indice, c’est-à-dire l’endroit nommé Iseya sur l'estampe, qui était un service de restauration rapide célèbre pour son plat avec des feuilles de shiso, n’existe plus et fut remplacé par des Yoshinoya, Sukiya ou autres…

     

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    Le site se trouvait à proximité de Mihashi 三橋 les trois ponts qui traversaient la rivière Shinobu se jetant dans le lac Shinobazu (aujourd'hui, tout cela a disparu bien entendu...). Pourquoi trois ponts ? Au départ, il n'y en a qu'un qui mènait aux sépultures des shôgun, mais avec l'élargissement des rues à cause de l'incendie de Mereiki en 1657, deux autres furent construits. Cependant, chacun acquit une fonction : celui du milieu était réservé au shôgun, celui à l'ouest était pour les processions funéraires et celui à l'est pour les condamnés.

     Yamashita était le nom du terrain inculte qui s'étendait au pied de la colline d'Ueno (d'où son nom). Il servait d'obstacle en cas d'incendie.
    En 1737, il fut aménagé et devint célèbre pour ses spectacles de rue et des bazars connus sous le nom de hotokedana "boutique de Bouddha" qui parfois s'occupaient également de fournir des prostituées appelées kekoro.
    Pourquoi boutiques de Bouddha ? Le mur de pierre que nous voyons sur l'image mène au temple Kanei-ji. Cela peut-être une explication.
    Le torii qu'ont voit est celui du sanctuaire shintoïste Gojo-tenjin consacré à Sugawa-no Michizane, un ministre et poète qui devint le protecteur des savants et des étudiants.

    N°13 下谷広小 Shitaya Hirokoji Shitaya Hirokoji

    De Ueno à AkihabaraCroyez-moi ou non mais le grand magasin Matsuzakaya existe toujours ! Certes plus grand, entouré de nombreux autres établissements mais même son symbole est toujours représenté sur une de ses façades.Autrefois spécialisé dans la soie, le magasin offre de nos jours plus de choix.

     Shitaya signifie quelque chose comme "la vallée inférieure/basse" et donc comme Yamashita, se trouvait au pied de la colline d'Ueno.

     

    De Ueno à Akihabara

    De Ueno à Akihabara

     


    Sur l'estampe, on peut également apercevoir un petit magasin avec des armoiries rouge. C'est un salon de coiffure. Pour connaître la dernière mode, il suffisait de regarder sur les rideaux noren
    暖簾 qui affichaient les dernières vogues.

     

    N°10 神田明神曙之景, Kanda Myōjin akebono no kei Lever de soleil au sanctuaire Kanda Myojin

    De Ueno à AkihabaraEuh non, je n’allais pas attendre aussi longtemps ou me réveiller avant le lever du soleil pour en saisir l’instant. Surtout que je n’arrivais pas à m’imaginer où pouvait se trouver cette terrasse du temple. Le sanctuaire est toujours là mais où est la terrasse car aujourd’hui on ne retrouve plus ces petites tables où les passants peuvent se reposer en sirotant probablement un thé. En fouinant un peu, on peut retrouver l’endroit. Maintenant la seule chose qui s’y repose se sont les voitures puisque l’endroit est devenu un parking. Mais il surplombe les lieux et donne une vue impressionnante sur le quartier… La vue aurait pu être plus impressionnante sans les buildings et avec un peu plus de verdure mais bon, je ne changerai pas Tokyo par ma seule volonté…

     

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    N°47 昌平橋聖堂神田川, Shōheibashi Seidō Kandagawa Le sanctuaire Sei-do et la Kandagawa vus du pont Shôhei

    De Ueno à AkihabaraSi Yushima Seido existe toujours avec une grande statue de Confucius dans son enceinte, il est maintenant impossible d’en voir les murs depuis le pont Shohei. Le pont est aussi là, mais on oublie la grande colline du premier plan sur l’estampe. A la place, vous aurez la gare d’Ochanomizu et le trafic des trains des différentes lignes passant par là (Sobu et Chuo).

     

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    Le nom de shohei vient en fait de Shan Tung, le nom de la ville où naquit Confucius. Le pont s'appelait autrefois Imoaraibashi, ne me demandez pas le lien avec les pommes-de-terre.... Par contre son changement de nom de la colline, et donc du pont attenant, s'explique par le fait que le shôgun Tokugawa Tsunayoshi ait voulu attester de son dévouement au confucianisme.

     

    N°9 筋違内八ツ小路, Sujikai uchi Yatsukōji La rue Yatsukoji près de la porte Sujikai

    De Ueno à AkihabaraComment gommer l’une des plus grandes artères de l’époque ainsi qu’une porte ? Faites passer le train par là. D’habitude ce sont les voies express ou les autoroutes qui ont transformées le paysage, ça nous change un peu.

    La vue est donc impossible à retrouver, enfin disons que depuis le point de vue de l’artiste, cela ne donne rien. Pour se souvenir de l’endroit, il y a quand même un petit panneau récapitulant les faits avec une carte de l’ère Edo et une carte actuelle. Et oui, tout a disparu… Et même certainement des mémoires. La ville électrique, car Akihabara est à deux pas, ne se soucie pas de ces vieilles choses.

     

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    Le porte Sujikai fut érigée en 1636 pour le contrôle du passage des voyageurs allant vers Nihonbashi. La vaste place qui est devant sert de coupe-feu. Une multitude de petites rues s'y rejoignaient, si bien qu'on l'a surnommée Yatsukoji "huit rues".

     

     





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