• Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    30 novembre

    Allons au Nord de Tokyo, du côté du bien nommé Kita-ku justement, à Ôji, puis faisons un détour à Saitama du côté de Kawaguchi.

     

    Si j'ai trouvé à Ôji un côté plaisant et bucolique, Kawaguchi m'a fait l'effet d'une cité dortoir peu attrayante. Mais après tout, je ne suis pas à la recherche d'un nouveau quartier où emménager....

     

    Donc étape numéro 1 : Ôji !

    Il y a plusieurs scènes qui se réfèrent à Ôji dont la plus surréaliste de toute la série : l'estampe n°118 !

    N°118 王子装束ゑの木大晦日の狐火, Ōji shōzoku wenoki ōtsugomorihi no kitsunebi,  Renards de feu la nuit du Nouvel An sous l'arbre enoki près d'Ôji.

    C'est la vignette la plus amusante car elle ne ressemble en rien aux scènes de la vie quotidienne ou aux paysages auxquels nous avait habitués Hiroshige.

    Il était dit que le 31 au soir, les renards se réunissent sous cet arbre pour que leur pouvoir magique se renforce pour l'année à venir. De leur gueule s'échappe alors une flamme, semblable à un feu-follet. Plus il y en a, plus la récolte sera bonne. Là, les renards se transforment en dames de cour d'où l'emploi du terme shôzoku qui signifie costume. Ensuite, le cortège se rend au sanctuaire d'Inari tout proche pour entendre les ordres de leur maître.

    En attendant, si le (en vérité) minuscule arbre enoki a survécu aux bombardements, suite à la destruction totale d'Oji, le vaste espace rural s'est lui aussi transformé en bourgade. Toutefois, aujourd'hui, on peut trouver un petit temple consacré à Inari à côté du petit arbre.

    Si vous allez à Ôji le 31 décembre, vous pourrez suivre une procession rappelant ce mythe.

     

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

     

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°18 王子稲荷の社, Ōji Inari no yashiro, Le sanctuaire d'Ôji Inari 

    Eh bien, justement le voici ce sanctuaire où tous nos renards se rendent. Il est associé au célèbre sanctuaire de Kyoto Fushimi Inari-taisha et consacré à Inari, le dieu (ou déesse) ayant l'apparence d'un renard et lié aux récoltes mais également au succès et à la prospérité. Il fut fondé avant la période Edo et ne subit que peu de modifications au cours des ans.

    Les sanctuaires consacrés à Inari sont souvent aménagés en retrait de la ville afin de mieux répondre au caractère de la divinité et de son messager, le renard. De plus, il fut d'abord vénéré dans les campagnes avant de gagner les villes et finalement remporter la palme de la divinité la plus répandue sur le territoire nippon. A tel point, qu'Inari n'est plus seulement une divinité shinto mais aussi par syncrétisme, une divinité du panthéon bouddhique. De plus, il y a autant de forme du dieu que de pratiquants, chacun s'étant créé une image personnelle de ce dieu.

    Concernant cette estampe, une fois par an, se déroule tako no ichi 凧市, la kermesse des cerfs-volants. C'était à l'origine pour protéger les récoltes. Logique me direz-vous pour une divinité liée au monde campagnard. Sauf qu'avec le temps, c'est devenu une protection contre les incendies, hibuse no tako 火防の凧, tout simplement car c'était un des jours les plus chaud et sec de l'année, donc potentiellement celui où il y aurait beaucoup d'incendies. Autrefois, on le mettait dans la pièce principale puisque c'était là que se trouvait le foyer. Maintenant, vous pouvez toujours vous en procurer un dans ce temple le 6 février puis le placer dans votre cuisine.

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    La vue a changé. Hiroshige met en avant le mont Tsukuba, mais la ville dans son plein essor cache cette vue. Vous verrez encore les trains passer et vous entendrez les rires des enfants car au pied du temple et dans son enceinte se trouve une maternelle.

     

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°17 飛鳥山北の眺望, Asukayama kita no chōbō, Vue vers le nord depuis le mont Asuka

    C'est le premier parc publique du Japon !

    Le terrain fut offert par le shôgun Yoshimune en 1737 au monastère bouddhique Kirinji qui était lié au sanctuaire, shintoïste lui, de Kumamo-gongen de la province de Kii (aujourd'hui Wakayama) d'où Yoshimune était originaire. C'est pour célébrer cet évènement qu'on y plantât des cerisiers tout en rendant l'entrée libre.

    Par la suite, arriva ce qui arrivait habituellement : maisons de thé et établissements de plaisance s'y établirent. C'était donc devenu un endroit parfait pour pique-niquer et pour observer le mont Tsukuba, toujours présent au loin.

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    Oui, sauf que.... comme pour l'estampe précédente, on ne voit plus rien sauf les trains et le Shinkansen. En effet, la colline donne sur la gare située en contrebas. Si vous regardez au sud, vous pourrez observer le passage du tramway de la ligne Toden Arakawa... c'est selon les goûts. Le parc existe toujours cependant. Un peu kitsch avec ce château au centre et d'anciens trains, mais les enfants sont ravis.

     

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°19 王子音無川堰棣世俗大瀧ト唱, Ōji Otonashigawa entei, sezoku Ōtaki to tonau, Barrage sur la rivière Otonashi à Ôji.

     Cette digue fut construite en 1657. On a l'a dit plus haut, le Kirinji une annexe de Kumano-gongen. Or là-bas coule une rivière qui se nomme Otonashigawa qui peut se traduire par la rivière calme.... les Japonais aiment les parallèles et donc à Ôji aussi la rivière porte ce nom. Le temple était populaire sous les Tokugawa mais perdit son prestige sous l'ère Meiji. Tous les bâtiments furent abandonnés sauf l'Amida-dô.

    La chute se nommait Ôtaki, ce qui était exagéré car elle est en fait toute petite. Maintenant, il n'y a plus de chute du tout.

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    C'est moins spectaculaire aujourd'hui mais tellement agréable. Tout a été aménagé et c'est le départ d'une très jolie promenade du côté d'Ôji. En été, les enfants viennent se baigner et s'asperger d'eau. C'est vraiment devenu un petit endroit charmant.

     

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°49  王子不動之滝, Ōji Fudō no taki,   La cascade de Fudō à Ōji

     Fudô est une divinité qui protégeait les fidèles par le fer et le feu. Il est représenté comme un guerrier muni d'un sabre enflammé le plus souvent. Il devint donc une protection contre les incendies et je ne sais pour quelle raison, il devint le saint patron des ophtalmos de l'époque....

    Il y avait 7 chutes à Ôji et comme les autres représentées par Hiroshige, elle était en réalité beaucoup moins impressionnante.

     

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    C'est le grand mystère.... Je sais qu'Hiroshige pouvait transformer certains éléments pour les rendre plus impressionnants, mais je n'ai trouvé aucune cascade.... ni d'endroit sacré pouvant rappeler ce lieu. D'habitude, ce qui touche au sacré perdure d'une manière ou d'une autre. Pas dans ce cas sauf si je suis passée à côté de quelque chose....

     

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°88 王子滝の川, Ōji Takinogawa, la rivière Takino à Ôji

    Et mystère n°2, le lieu consacré à Benten a aussi disparu !

     

     En fait,  le nom de la rivière est la Shakujigawa et il y avait une des 7 cascades d'Ôji située près d'une grotte consacrée à la déesse Benten. Le sanctuaire que l'on peut apercevoir sur l'estampe, se nomme Matsubashi Benten parfois appelé Momijidera à cause de ses magnifiques érables. Il a prit le nom du pont qui menait à la route Nakasendo, une route qui va vers Kyoto. Les pèlerins passaient donc par Ôji gongen et le Kirinji avant de se rendre au monastère Kongoji.

    Le lieu est toujours indiqué contrairement à la cascade de Fudô mais la grotte n'est plus. Il reste un espace qui ressemble à un amphithéâtre de verdure menant au bord de la rivière. C'est un peu bizarre. Par contre, les érables sont toujours aussi beaux à regarder.

     

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

     

    Etape n°2 : Kawaguchi

    Du côté d'Ôji et de KawaguchiN°20 川口のわたし善光寺, Kawaguchi no watashi Zenkōji, Le transbordeur de Kawaguchi et le temple Zenkôji.

     Kawaguchi était réputée pour sa vaisselle métallique et le Zenkôji dont on voit le toit sur l'estampe. Le temple appartient à l'école Tendai et est une annexe du centre religieux de la province de Shimano (Préfecture de Nagano).

    Il est réputé pour une statue de bouddha qui n'est exposée au public qu'une fois tous les 17 ans ! Cette cérémonie se nomme "l'ouverture de l'arche" kaichô 開帳.

    L'histoire est assez simple, un moine, Teisen, fait un rêve où le Bouddha Amida lui demande de faire une statue. Il collecte de l'argent et au lieu de fabriquer juste une statue, il en fait trois : Amida, Kannon et Seishi deux bodhisattvas. On n'est jamais trop pieux.... Bref, typique.

     

    Du côté d'Ôji et de Kawaguchi

     

    En attendant, oubliez le transbordeur, aujourd'hui il y a un énorme pont métallique qui relie les berges.

    Le Zenkôji est toujours présent mais la structure est contemporaine. Cela fait même un peu préfabriqué avec cet immense espace sur les berges, les tours d'habitation d'un côté et la piste d'entraînement pour les moto-écoles de l'autre.