• C'est une balade que je recommande fin avril/début mai lors de la floraison des glycines qui font la réputation de Kameido Tenjin.

    De Kameido à AsakusaN°65 亀戸天神境内 Kameidō Tenjin keidai, à l'intérieur du sanctuaire de Kameido Tenjin.

    Le sanctuaire est consacré à Sugawara Michizane, un ministre et poète de la période Heian. Une fois déifié, il devient le protecteur des savants et des étudiants mais le temple abrite aussi  le dieu du tonerre Tenjin (ne cherchez pas la relation...).

    Sauf que Michizane mourut en exil près de Fukuoka, très loin d'Edo donc. On y trouve le sanctuaire principal lié au culte de Michizane. La fondation de celui de Kameido est lié au rêve d'un prêtre en 1662, Torii Nobusuke. On lui demanda de prendre un morceau du prunier sacré du sanctuaire et d'en faire une statuette de Michizane, et pour je ne sais quelle obscure raison, cette statuette fut réalisée à Edo, le lieu de sa réalisation, Kameido donc, devenant aussitôt une terre consacrée pour le culte de Tenjin.

    Pendant une année, la chapelle resta modeste mais après l'incendie de 1657, la ville s'étendit et le shogun Ietsuna, grand adepte du culte de Michizane, agrandit le tout histoire que ça ait de la "gueule".

     Tout fut préservé ! Vous pourrez vous aussi admirer les glycines et le pont tambour en bois vermeil (il y en a un autre en pierre) si jamais vous y allez. Kameido est un endroit assez intéressant pour ceux qui aiment les matsuri et les omamori puisque non seulement la floraison des glycines donnent lieu à des célébrations, mais vous pourrez aussi voir une parade de samourai et récupérer un usokae pour vour protéger des mauvaises langues ou autres perfidies à votre encontre.

    De Kameido à AsakusaN°30 亀戸梅屋舗 Kameido Umeyashiki, le jardin des pruniers de Kameido.

     A l’époque d’Edo, Kameido était l’une des banlieues de la ville. Pour y accéder, le plus simple était de prendre le bateau et de longer le canal Jikkengawa jusqu’à Yanashima où se situaient le célèbre temple du bodhisattva Myoken ainsi que la maison de thé Hashimotoya.

    A quelques centaines de mètres en aval du temple, on trouvait le sanctuaire de Kameido-tenjin et Kameido Umeyashiki, le celèbre jardin de prunier.

    Au début du 18ème siècle, la beauté des arbres en fleur et leur parfum furent remarqués par le shôgun Yoshimune alors qu’il passait par là en 1720. Le jardin est aussi appelé Seikoan (refuge parfumé de pureté).   A l’époque d’Hiroshige, le jardin était clôturé et on pouvait l’admirer de l’extérieur.

    Cette estampe, comme d'autres de cette série, servit de modèle pour Van Gogh qui le copia à l'identique dans sa structure mais avec sa petite touche personnelle.

    On aimerait que, comme à Kamata, il y ait au moins un ersatz de ce jardin, mais tout a disparu, Garyubai le dragon couché était particulièrement célèbre, mais périt après l’inondation de 1880.

    De Kameido à Asakusa

     

    De Kameido à AsakusaN°31 吾嬬の森連理の梓 Azuma no mori Renri no azusa, le sanctuaire d'Azuma no mori et le camphre enlacé.

    En dépit de son nom, la feuille ne représente ni un sanctuaire ni un arbre exotique mais le canal jikkengawa dont les rives sont régulièrement plantés de cerisiers.

    On voit le sanctuaire au fond, il se trouvait non loin de Fukujinbashi jeté sur le canal jikkengawa. La divinité qui était vénérée à Azuma était Otachibanahime no mikoto. Elle était l’épouse du prince Takeru Yamato no mikoto, guerrier mythique et conquérant du territoire sur l’île de Honshu.

    Le mot Azuma remonte à la légende décrivant la célèbre campagne de Yamato Takeru à l’est, dans le pays où fut fondé Tokyo. Lorsqu’il gagna la province de Sagami, il voulu traverser la baie d’Edo quand une tempête éclata. Voulant apaiser les flots, sa femme se sacrifia en se jetant à la mer. Arrivé sain et sauf à Yushima, il se tourna vers l’endroit où sa femme s’était jetée et s’écria Ah Tsuma (mon épouse) ! d’où le méchant jeu de mot Azuma…. Qui devint un synonymes poétiques pour les provinces orientales en général.

    Toujours liée à cette légende, un camphrier au deux troncs soudés poussait ici, renri no kusu 連理の梓, ( les kanji s’écrivent avec azusa 梓 au lieu de kusu 楠). Quelques jours après la mort de la princesse, les flots rejetèrent sur la côte son peigne qui fut solennellement enterré et Yamato Takeru enfonça au-dessus du tertre deux bâtonnets fait de camphrier en songeant que s’ils donnaient des racines, il pourrait instaurer l’ordre dans le pays. Ce qui advint.

    Un arbre n’ayant qu’une seule racine et un tronc féminin et masculin, symbolise également l’amour des époux survivant même à la mort (les deux sens se retrouvent dans le mot renri 連理).

    Renri no kusu éteit donc considéré comme un arbre miraculeux qui avait le don de guérir les maladies.

    C'est tellement poétique ! J'aurais bien voulu voir ce camphrier à double tronc mais à mon avis son bois a dû être vendu depuis belle lurette.

    Pourtant un petit sanctuaire subsiste, qui pourrait croire qu'il est le reliquat d'une histoire si émouvante ?

    De Kameido à Asakusa

     

    De Kameido à AsakusaN°32 柳しま Yanagishima, l'île Yanagi 

     

     

    L'île des saules. Agglomération située au croisement de deux canaux : Kita et Jikkengawa. En 1713 le village de Yanagishima fait partie d’Edo grâce à un pont qui le relie à la ville. Le Yanagibashi, le pont des saules. Mais Edo avait déjà un pont des saules. Ce dernier devient alors le moto-yanagibashi.

    Depuis Yanagibashi, on partait en bateau vers les quartiers réservés de Fukugawa, Shin-Yoshiwara et Mukojima et des maisons vertes y firent bientôt leur apparition, prenant part aux banquets et aussi aux distractions sur les bateaux (funeasobi). De tous les établissements de plaisance, le plus célèbre Hashimotoya « Près du pont » un établissement de luxe destiné aux banquets. On peut voir sur l’estampe, le temple Myokendo du monastère Hoshoji appartenant à l’école Nichiren. Consacfré au bodhisatva de Myoken incarnation de la grande ourse et patron du Japon protégeant les gens du feu et leur donnait longévité et bonheur.

    Le vieux pin à l’entrée était vénéré comme le lieu d’habitation du bodhisatva et on l’appelait seiko-matsu « pin visité par l’étoile » ou Seinen matsu « Pin millénaire »

     

    Le pont existe toujours et pour renforcer l'idée, des saules pleureurs ont été plantés non loin.

    Bien sûr, pas d'île à proprement parlé, mais le croisement des deux canaux visible sur l'estampe est toujours là dans la réalité. Le temple aussi est présent et comme pour nous faire un pied de nez, quand j'y suis allée, il n'y était pas question d'Hiroshige mais d'Hokusai.

    De Kameido à Asakusa

     

    De Kameido à AsakusaN°104 小梅堤 Koumetsutsumi, la digue de Koume.
     

    Il n'y a rien de bien particulier sur cette estampe, car à l'époque à Koume, c'était plutôt désert mis à part la demeure du clan Mito affilié au Tokugawa et une soixantaines de foyers. On y cuisait des tuiles aussi.... le village était connu pour ses pruniers, d'où son nom mais ils sont absents du tableau.... Personnellement, je crois que les ponts fascinaient Hiroshige.

    Quand en 1722 l'acqueduc devint inutile, le canal laissé à sa place servait au transport des marchandises. Etant trop étroit, on avait recourt au halage et il fut donc nommé Hikifunegawa 引船側. Cependant, aucune scène de halage n'est représentée ici, elle le sera sur l'estampe 37 mais pour un lieu du côté de Katsushika.

    Le quartier a beaucoup changé au cours du temps. Ces derniers temps, il y eu également beaucoup de réaménagement avec la construction de la Sky Tree, le rendant beaucoup plus vivant qu'autrefois.

     

    De Kameido à Asakusa

     

    De Kameido à AsakusaN°91 請地秋葉の境内 Ukechi Akiba no keinai, à l'intérieur du sanctuaire Akiba à Ukeji.

    Il y avait ici un sanctuaire consacré à Inari, divinité des récoltes souvent accompagné d'un renard ou symbolisé par cet animal.

    Mais ce culte fut plus tard associé avec celui d'Akiba-daigongen divinité du feu.

    En 1702, le prince Honda finança le construction à Ukeji d'un sanctuaire qui reçut le patronnage du shogun : Akiba-jinja. On y trouvait la statue du dieu sous la forme d'un tengu debout sur un renard blanc sur fond de flammes (le cirque avant l'heure, un sens de la représentation hors norme, quelle mise en scène !). Comme beaucoup de sanctuaire, c'est son jardin qui fit sa popualrité, surtout en automne, comme on peut le voir ici.

     

     


  • Si les distances étaient calculées depuis le pont de Nihonbashi, le véritable point de départ de la route du Tôkaidô menant à Kyôto était Shinagawa. C'est ici que l'on faisait ses adieux aux voyageurs. Et donc ce va-et-vient perpétuel ainsi que le quartier ne pouvaient qu'inspirer les artistes de l'époque.

    Shinagawa

    N°28 品川御殿やま Shinagawa Gotenyama

    Gotenyama signifie la montagne du palais parce que figurez-vous qu'il y avait autrefois un palais. Mais même à l'époque d'Hiroshige, celui-ci n'existait déjà plus puisqu'il avait brûlé à la fin du 17ème s. A la place, on planta des cerisiers et l'endroit devint vite populaire notamment à cause de l'association cerisier et mer.

    Parce que oui, aujourd'hui, on peut apercevoir la baie depuis Shinagawa mais la mer est encore loin. Ce qui n'était pas du tout le cas à l'époque om vous pouviez ramasser les coquillages les pieds dans l'eau comme on peut le constater sur l'estampe.

    Cependant, y compris à l'époque d'Hiroshige, ce lieu devait radicalement changer car on y prélevait la pierre nécessaire à la construction de fortins maritimes. Suite à l'arrivée des navires du commodore Perry, les autorités commencèrent à s'inquiéter de la défense côtière.... trop tard.

    Aujourd'hui, plus de cerisier, plus de vue sur la mer ni de falaises mais des immeubles, des gares et des routes.

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Shinagawa

    N°83 品川すさき Shinagawa Susaki

    Comme je l'ai dit, Shinagawa est un lieu de passage. D'ailleurs, le mot Shinagawa qui signifie rivières de marchandises met bien en valeur l'importance du commerce dans cet ancien faubourg de la ville. De plus, c'était un lieu de plaisance réputé puisqu'il rivalisait avec Yoshiwara et habritait de nombreuses maisons et auberges où l'on se faisait servir par de jeunes filles appelées meshimori 飯盛女.

    Et c'est probablement de l'une de ces maisons que ce paysage fut représenté. On voit également dans le coin droit, l'étage éclairé de ce qui pourrait être la plus célèbre d'entre elles : Dozo Sagami.

    Au fond, la baie de Tokyo avec sur la droite un bout des fortins dont je viens de parler plus haut qu'on appelle odaiba et au centre un pont, une langue de terre, "susaki" en japonais, et un temple dédiée à Benzaiten déesse de l'eau et du bonheur.

    Mis à part la splendide vue, ça n'a pas beaucoup changé. Il y a des auberges, des endroits pour se restaurer et surtout le temple Kagata jinja qui est aussi connu pour sa butte de la baleine. La langue de terre est plus étendue maintenant, quelques maisons s'y sont construites mais les bateaux viennent s'amarer non loin.

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Shinagawa

    N°82 月の岬 Tsuki no misaki, le cap de la lune

    Nous voilà donc plongé au coeur d'une de ces maisons. Toutes les cloisons sont ouvertes, nous permettant de voir non seulement les bateaux qui voguent au loin mais aussi la pièce où vient de se terminer une fête.

    On peut apercevoir les restes de nourriture près du lampadaire, le manche d'un shamisen à terre...

    L'ombre d'une femme est visible sur la droite, une courtisane.

    Ici, il n'y a pas d'éléments topographiques pour nous aider à localiser précisément l'endroit mais les spécialistes affirment que l'estampe se situerait sur le mont Yatsuyama qui subit le même sort que Gotenyama.

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Shinagawa

    N°81 高輪うしまち Takanawa ushimachi

    Hiroshige aime faire des jeux de mots/images.

    Takanawa signifie grande roue et ushimachi veut dire la ville des boeufs d'où la présence d'une charrette au premier plan.

    Ensuite, les restes d'une courge sont pour l'automne car les estampes étaient classées par saison et le soulier tressé qui traîne à terre est un indice pour les voyageurs. C'est à partir de porte de Takanawa que la route du Tokaido naît et c'est ici qu'un voyage prend fin ou commence !

    Pourquoi ushimachi ? En fait, le nom du quartier était kurumacho, le quartier des charrettes. Ca reste très agricole tout ça me direz-vous.

    Le quartier fur fondé en 1634 avec l'arrivée massive de boeufs et de charrettes destinés à transporter le matériel nécessaire à la construction du Zojô-ji et puis les travaux continuèrent dans toutes la ville. Ceux qui y avaient participé eurent le droit de s'installer dans le quartier d'Ushimachi. Cependant, même à l'époque d'Hiroshige, les boeufs attelés étaient rares bien qu'il en restait quelques têtes appartenant à de grands seigneurs qui les utilisaient pour de grands projets d'urbanisme.

    Je suppose que le seul endroit où je verrai des boeufs sera à la ferme de Tokyo. Cependant, de nos jours il y a autre chose d'intéressant : la vue se trouve à proximité du Segaku-ji où reposent les 47 rônins et du seigneur d'Ako, Asano leur maître.

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

    Shinagawa

     

     

    Shinagawa

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Meshimori onna (飯盛女) ou meshiuri onna (飯売女), que l'on pourrait traduire par celle qui sert des repas/vend des repas.

    C'est le nom des serveuses dans les auberges situées dans les villes-relais le long de voies de passage pendant la période Edo.

    Les routes devenant de plus en plus empruntées et le nombre d'auberges augmentant, ces servantes étaient souvent engagées comme prostituées afin d'attirer un plus grand nombre de voyageurs.

    En 1718, le shogunat fit paraître un décrêt limitant le nombre de meshimori à 2 par auberge ce qui tacitement autorisait l'emploi d'un nombre limité de prostituées dans les auberges.


  • Kagata-jinja 利田神社

    Située à 5 min de la station Kita-Shinagawa, ce temple fut érigé par un moine nommé Takuan (il venait du Tôkai-ji) suite à l'apparition d'un banc de sable en 1626. Ce petit temple était le Susaki Benten où l'on venait prier la déesse Benzaiten. 

    Entre 1774 et 1834, le quartier se développa sous la direction de Kagata Kichizaemon. Le temple et son quartier se nommèrent alors Kagata.

    Ce temple est donc dédié aux divinités :

     Ichikishima-hime-mikoto aka Benzaiten et contient également un petit temple pour Kanazuchi Inari 

     

     

    Ce temple est aussi connu pour sa motte/monticule de la baleine. En 1798 un cétacé vint s'échouer sur la côte. On présenta d'abord l'animal au palais de Hama où le shogun en personne vint le voir. Ensuite, les os furent enterrés au temple de Kagata surmontés d'un monticule de terre.

     


  • Oui, ça fait un sacré chemin.... c'est plutôt agréable quand il fait beau.

     

    On commence notre route pas très loin de la station Yurakucho.

    A l'époque d'Hiroshige il y avait :

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la SumidaN°114 びくにはし雪中 Bikunihashi setchū, le pont Bikuni sous la neige.  

    Aujourd'hui, pas très loin du palais impérial, à l'époque c'était la demeure du shogun, le pont Bikunibashi est situé près de la douve extérieure Sotobori et passe par-dessus la rivière Kyobashi (cherchez pas, tout à disparu !). Normalement, bikuni désigne les nonnes et dans certains cas, comme ici, les prostituées qui se travestissaient en nonne pour mieux passer inaperçue (Whoopi Goldberg dans Sister Act n'avait rien inventé !).

    On imagine Ginza avec tous ses magasins de luxe aux articles hors de prix mais ce que nous montre cette estampe, c'est que le quartier abrite surtout des maisons de passe, des endroits où l'on mange à bas prix, des yatai. En effet, la pancarte à gauche indique yama kujira "baleine des montagnes" ce qui désigne de la viande d'animaux sauvages : sanglier, cerf mais aussi tanuki, et j'entends le loup, le renard et la belette... La consommation de viande est proscrite dans le bouddhisme mais malgré tout tolérée.A droite, ce sont des patates douces qui sont vendues et un marchant ambulant traverse le pont.

    Bref, à l'époque, c'est un lieu mal famé.

    De nos jours, c'est une entrée d'autoroute.

     photo DSCN6721_zpse1cd5374.jpg

    On continue direction la rivière et on tombe sur :

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la SumidaN°73 市中繁栄七夕祭 Shichū han'ei Tanabata matsuri, la ville prospère , le festival de Tanabata 

    Les seules choses qui prospèrent dans le quartier, ce sont les buildings et les affaires.

    Cette estampe aurait été faite depuis le toit de la maison d'Hiroshige. On y voit la tour des pompiers du district de Yayosu, c'est la charge qu'il exerçait (oui, on peut-être pompier et avoir une âme d'artiste) et qu'il légua à son fils.

    Ici on retrouve les bambous où on accroche les différentes décorations pour célébrer tanabata comme un filet de pêche, des serpentins et aussi d'autres ornements moins habituels comme une courge, une tranche de pastèque ou une courge.

    Aujourd'hui, c'est un bâtiment de la compagnie Bridgestone qui occupe le lieu.

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la SumidaN°76 京橋竹がし, Kyōbashi Takegashi, le quai des bambous et le pont de Kyōbashi  

    C'est l'estampe qui marqua Whistler dans sa série de nocturnes (v. le vieux pont de Battersea) et permis l'introduction du japonisme dans la peinture. Par la suite, les motifs japonais et les compositions des estampes influencèrent les impressionnistes.

    Le quartier autour de kyobashi (le pont de la capitale) était à l'époque occupé par divers corps de métiers : teinturiers, chaudronniers, etc... Près du pont lui-même, se trouvaient les charbonniers et l'endroit se nomma Sumicho. Cependant, ils partageaient l'endroit avec les vendeurs de bambous. Ce sont d'ailleurs ces entrepôts de bambous que l'on voit sur la partie gauche de l'estampe. La demande a toujours été très forte et le bambou sert dans la construction, pour les palissade, mais aussi dans la fabrication du kadomatsu en fin d'année et pour les hampes de Tanabata comme vu dans l'estampe précédente. Les hampes d'ailleurs ont vu leur taille augmenter durant l'ère Edo. Il semblerait qu'avant, seules des petites branches étaient utilisées pour Tanabata mais fin du 19ème siècle, on mit de hauts mâts sur le toit des maisons.

    Sur le pont surmonté de giboshi indiquant son importance, on peut voir des pèlerins qui reviennent du mon Oyama. L'un d'eux porte une lampe avec l'inscription Horitake qui serait un clin d'oeil pour Yokogawa Horitake, un graveur d'estampe avec qui travailla souvent Hiroshige. Le jeu de mot était facile, take signifiant bambou.

    Adieu bambous ! Bonjour asphalte et béton !

    Ceci dit, il y a toujours un pont.

    Pas très loin, on trouve une stèle commémorative en l'honneur de Nakamura Kenzaburo, fondateur du Nakamura-za, l'une des trois principales salle de théâtre kabuki d'Edo et aussi le premier d'une trèèès longue lignée d'acteurs.

     photo DSCN6715_zps8d550152.jpg

     On continue vers la Sumida, mais on fait une petite boucle vers le Sud direction le pont de Tsukuda Oohashi.

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1N°78 , 鉄砲洲築地門跡, Teppōzu Tsukiji Monzeki, Teppozu et le temple de Tsukiji Monzeki

    Teppozu est surtout le nom d'un banc de sable sur la Sumida. A l'époque d'Hiroshige, il n'y a pas grand chose dans le coin : on y a installé les courtisanes sorties des quartiers rouges, bien sûr ceux qui les entretiennent ne sont pas bien loin car il y a les maisons des riches militaires avant qu'au 19ème s. les étrangers y élisent domicile.

    La principale activité se résume, comme on peut le voir avec les bateaux au premier plan, à la pêche.

    Et là, ça devrait faire tilt avec le titre : pêche - Tsukiji.

    Oui, c'est ce à quoi ressemblait Tsukiji à l'époque d'Hiroshige.

    Certes, maintenant le grand marché à disparu pour s'installer à Toyosu. Comme quoi, Tokyo est en perpétuelle mutation. Cependant, à l'époque l'attraction principale n'était pas encore le marché mais le temple dont le toit accroche le regard au fond de l'estampe.

    C'est le Nishi-Honganji. Là aussi cela devrait vous être familier si vous êtes déjà allé à Kyoto car c'est un des temples principaux de la ville.

    Or en 1617, une annexe s'installe à Edo.... mais pas là où il se trouve sur l'estampe puisqu'au départ le temple était à Asakusa. Jusqu'à l'incendie de 1657. Le shogunat interdit sa reconstruction car il avait d'autres projets. Comme une grande majorité des adeptes de l'école Jodo-shinshu, le courant de pensée du temple de Hongan-ji, vivent à Tsukudajima (notamment une grande majorité de pêcheurs d'Osaka), le temple est reconstruit sur ces terres.

    D'ailleurs, cela se retrouve aussi dans le nom de Tsukiji dont les kanji se lisent comme "terre aménagées".

    Et là, vous allez me dire que c'est pas le bon temple, le nom est différent... En fait, le temple s'appelle jusqu'en 1923 Tsukiji Gobo, Hiroshige le nomme Monzeki. C'est la même signification : un temple d'une grande importance dirigé ou fondé par un chef religieux.

    1923 c'est la date du grand séisme du Kanto, le Hongan-ji actuel fut achevé en 1934. Il est d'ailleurs assez impressionnant avec son architecture qui imite une sorte de temple indien. Mais à l'époque d'Hiroshige aussi il était en reconstruction suite à une grande tempête. C'est peut-être pour ça que nous n'en avons pas plus de détail dans cette estampe.

    Bref aujourd'hui, il n'y a plus le marché aux poissons, mais le temple demeure est reste aussi connu pour son mémorial du guitariste de X Japan, Hide.

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1

      Je n'ai plus la photo du Hongan-ji et sur place, j'ai pris une photo du pont Tsukuda oohashi mais dans la direction opposée, vers la Sky Tree.

     

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1

    N°55 , 佃しま住吉の祭, Tsukudajima Sumiyoshi no matsuri, Tsukudajima et le festival Sumiyoshi

    Nous y voilà à Tsukudajima. Aujourd'hui située au Nord de la station Tsukishima.

     

    Son nom remonte au début du 17ème s. lorsque que Tokugawa Ieyasu y fit transférer du village de Tsukudamura 33 pêcheurs de shirauo, poisson servi à la table des shôguns (cf estampe ci-dessus).

    Ils auraient aussi eu pour fonction de servir de police secrète. Installés sur l’île, les pêcheurs y introduisirent le culte de la divinité du sanctuaire Sumiyoshi-jinja, protectrice des navigateurs.

    Le sanctuaire était célèbre grâce à son fujidana, sorte de tonelle sur laquelle on faisait grimper des glycines (fuji) dont on contemplait les fleurs en mai. Mais il est surtout célèbre grâce à son matsuri qui a lieu tous les 3 ans le 6ème jour du 8ème mois. On sortait l’énorme tête du lion shishi et les mikoshi étaient plongés dans la mer.  

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1

    Tsukudajima vous donne l'impression d'être coincé dans une bulle temporelle. On ne revient pas à l'ère Edo, mais il y a un je ne sais quoi de ce qu'on imaginerait être le Tokyo d'antan. Le temple et les shishi y sont toujours, vous pourrez les observer tout au long de l'année.

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1

    N°77,鉄砲洲稲荷橋湊神社, Teppōzu Inaribashi Minato jinja, Pont Inari et le temple Minato à Teppōzu

    Au premier plan, on peut voir les mâts de deux bateaux puis au loin le pont qui enjambe le canal Hatchobori. Ce canal traverse toute la ville avant de se jeter dans la Sumida et doit son nom justement parce qu'il fait 8 cho, soit 870m.

    Les canaux sont rarement profond, donc les bateaux déchargent leurs marchandises qui seront ensuite transportées jusque dans divers entrepôts que l'on aperçoit ici. Ce sont les bâtiments blancs de part et d'autre du canal.

    La clôture rouge abrite l'un des plus vieux sanctuaire shinto de la capitale : Inari jinja. Il se trouvait sur le banc de sable Teppozu ainsi nommé car on s'y entraînait au tir de canon.

    Il y avait aussi les demeures des maîtres d'Hatchobori : les yoriki et les doshin. Ils sont en bas de l'échelle des samouraï. Les premiers font partis du Conseil municipal, ils ont un salaire très bas souvent compensés par des pots-de-vin. Ils sont aidés les seconds qui servent de gardiens de la paix qui recrutaient eux-mêmes d'autres policiers parmi les habitants.

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1

     

    Le temple est toujours là, le canal, le pont aussi.... pour les membres du conseil et les policiers véreux, je n'ai pas été vérifier.

     

    Du Sud de Ginza vers Ryogoku en longeant la Sumida - partie 1N°4,永代橋佃しま, Eitaibashi Tsukudajima, Tsukudajima et le pont Eitai

    L'amour d'Hiroshige pour les piles de pont !

    C’est une vue sur l’île depuis l’embouchure de la Sumida. Du pont, on ne voit qu’une de ses piles. C’est également un des plus anciens et un des plus grands de la Sumida, il serait d’après la légende, construit avec les restes du monastère Kan-eiji en l’an 2 Genroku.

    Il était souvent endommagé à cause des inondations et sa réparation demandait une forte dépense. Le gouvernement décida de le détruire ce qui provoqua un tollé parmi les habitants. Les dépenses furent prises en charge par les habitants via un droit de péage dont seuls les samourai, les moines et prêtres étaient exempts.

    Sur l’estampe, on peut voir une scène de pêche au shirauo. Pour attirer les poissons, on allume des feux la nuit.

     

     

     

     

     

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