• Petite fille, j’adorais dessiner et j’adorais feuilleter des ouvrages sur l’art. Je suis issue de la génération qui a connu les premiers anime à la télé française, j’ai grandi avec et ils ont aussi participé à ma culture artistique d’une certaine façon. Quand j’ai commencé à lire des mangas, j’étais subjuguée par le fait que les dessins qui me semblaient si simples en apparence puissent, en quelques traits, avoir une telle force dans le mouvement. Les plans également étaient si différents des bandes-dessinées auxquelles j’étais habituée. C’était l’un de mes premiers liens avec le Japon. J’ai voulu en savoir plus et j’ai commencé à faire des recherches sur les mouvements artistiques japonais et sur l’histoire du pays.

    Je fus alors fascinée par l’ukiyo-e, mais les ouvrages sur le sujet sont assez rares (ou trop chers…). Certes, il existe des monographies sur les œuvres d’Hokusai, d’Hiroshige et d’Utamaro mais beaucoup moins d’ouvrages furent publiés en français sur les autres artistes, et manque de chance, mon artiste préféré se nomme Torii Kiyonaga, autant dire un grand inconnu pour beaucoup de Français, y compris ceux qui aiment l’art. Je n’ai jamais pu avoir de nombreuses informations sur l’ukiyo-e, pour moi les images du monde flottant étaient devenues des images issues d’un monde mystérieux.

    Mon ignorance ne m’empêche guère d’admirer ces œuvres quand l’occasion se présente. Mais ici, à Tokyo, en visitant les musées je ne peux guère avoir plus d’information à cause de la barrière de la langue et de l’inexistance de cartels dans une langue autre que le japonais.

    J’ai tout de même eu de la chance. Avant mon départ pour le Japon, j’ai pu assister à une exposition consacrée à Hiroshige mettant en avant les stations des routes du Tokaido et Kisokaido. Les noms de certains lieux ne m’étaient pas inconnus et me rappelaient avec nostalgie mes précédents voyages au Japon.

    Lors d’une discussion avec mon amie Katzina (qui tient également un blog fort sympathique http://katzina.hautetfort.com), nous avons évoqué toutes les deux ces estampes et elle ajouta que le fait de retrouver des estampes relatives à Tokyo l’avaient d’autant plus marquée qu’elle connaissait les lieux et essayait de faire des parallèles. L’idée avait germée depuis un certain temps mais c’est à ce moment-là que la machine s’est réellement mise en marche.

    Bien sûr, j’aurais bien voulu entreprendre un périple sur les routes japonaises si j’en avais eu les moyens…. J’ai dû me contenter d’un projet moins ambitieux mais tout aussi laborieux : Puisque je vivais à Tokyo, j’allais me concentrer sur Les 100 vues d’Edo,名所江戸百景 Meisho Edo Hyakkei, faites par Hiroshige.

    Cette série d’estampes réalisées dans les années 1850 servait comme une sorte de guide du routard de l’époque en répertoriant des lieux qui méritaient un détour.

    Mais ces lieux existent-ils toujours ? Auraient-ils été retenus par l’artiste s’il vivait de nos jours ?
    Je voulais faire une comparaison, voir ce qu’il peut advenir d’un paysage, plus ou moins célèbre, en 2 siècles. Je voulais également laisser ma propre impression et revisiter ces paysages, faire mon propre « 100 vues de Tokyo » inspiré de l’œuvre originale.

    Cependant je dois vos prévenir : mes talents n’égalent en rien ceux du maître ! Je n’ai pas utilisé de pinceaux depuis des lustres et même quand je dessinais, mes œuvres n’avaient rien d’extraordinaire. Nous allons dire que ce n’est qu’un projet qui me tient à cœur, un hobby.

    J’ai donc recherché l’ensemble des estampes formant les 100 vues d’Edo. Elles sont en réalité au nombre de 119 et ne se cantonnent pas vraiment à un Tokyo « central ». Une fois la carte établie, il me fallait de bonnes chaussures pour retrouver les lieux et une dose d’endurance et parfois de persévérance.

    Je pars cependant avec un grand handicap : je ne parle ni ne lis japonais. Mes renseignements se limitent donc pour le moment à ce que pourrait me fournir internet et disons-le clairement : les sources ne sont pas fiables et donc ce n’est pas une démarche très scientifique. Il me faudrait des ouvrages de références afin de compléter correctement ce travail mais mon goût pour l’histoire et ma curiosité étant plus forts, je me suis quand même lancée dans cette aventure.


  • 4 décembre

    Comme j’avais un rendez-vous près de la gare d’Hamamatsucho, je pouvais partir à la recherche des estampes n°53, 79 et 80. Toutefois, je n’ai pas eu le courage de faire la n°109.

     

    N°53 増上寺塔赤羽Zōjōjitō Akabane La pagode de Zôjô-ji et Akabane.

    Dans les environs de Zôjô-ji...

     

    C’est une vue aérienne montrant, à droite, le dernier étage d’une pagode, celle de Zôjô-ji avec en arrière-plan le pont Akabane et la tour de guet de la résidence du daimyo Arima du domaine de Kurume de Kyushu.

    La pagode fut érigée après le règne de Tokugawa Hidetada durant la période Jôô par Sakai Tadakiyo. Elle fut détruite une première fois par la foudre au début du 19ème s., fut reconstruite par un descendant du clan Sakai et en 1890, la pagode fut transférée du temple vers le parc Shiba, juste à côté, avant d’être détruite par les bombardements de Tokyo en 1945.

     

    Vue en direction du pont Akabane depuis le kofun Maruyama 

    Aujourd’hui donc, il n’y a plus de pagode. Le temple de Zôjô-ji existe toujours mais sa superficie s’est considérablement réduite et vous pouvez toujours vous promener dans le parc de Shiba 芝公園. Pour avoir une idée de la vue de l'époque, vous pouvez gravir le kofun-Maruyama. Comme le tumulus est assez élevé, regardez en direction du pont Akabane entre les branches d’arbres. Mais la meilleure solution est peut-être de monter plus haut ! La Tokyo Tower n’étant pas très loin, vous pourrez facilement prendre de la hauteur.

    Le pont Akabane n’est plus visible car le gouvernement de Tokyo a eut cette fâcheuse habitude de construire des autoroutes au-dessus des rivières de la ville (ce qui explique leur disparition des cartes !). Cependant, il existe toujours ! Contrairement à la résidence du daimyo Arima aujourd’hui remplacée par des buildings.

     

     

    N°79 芝神明増上寺 Shiba Shinmei Zōjōji Shiba Shinmei et Zôjô-ji 

    Dans les environs de Zôjô-ji...

    Shiba Shinmei-gu ou Itakura Shinmei-gu est l’ancienne appellation de Shiba Daijin-gu. Ce temple fut construit à l’époque Heian et est dédié aux divinités du temple d’Ise Amaterasu-Omikami (la déesse du soleil) et Toyoukeno-Okami (dieu de l’agriculture et de l’industrie). Il fut également réputé pour avoir donné au Japon plusieurs biens culturels tels que la pièce de Kabuki intitulée « Megumi no Kenka » (une dispute entre deux groupes de pompiers), le jouet « Chigi Bako » et le plus long festival du Japon, Daradara matsuri.

    Dans les environs de Zôjô-ji...

    Aujourd’hui le temple est toujours reconnaissable de loin grâce à son toit muni de chigi et katsuogi. Au fond de l’estampe, on remarque la « grande porte » Daimon de Zojo-ji qui existe toujours de nos jours. Or si on se place à peu près au même endroit que l’artiste, le temple est aujourd’hui caché par un grand building blanc. Il faut donc se retrouver à l’angle de deux rues, celle qui mène à Daimon et celle qui longe Shiba Daijingu pour pouvoir apercevoir les deux édifices.

     

     

     

    N°80 金杉橋芝浦, Kanasugibashi Shibaura Le pont Kanasugi et Shibaura

    Dans les environs de Zôjô-ji...

    On peut voir au premier plan des pèlerins portant des bannières traversant le pont Kanasugi à l'embouchure du fleuve Furukawa. Ils appartiennent à la secte Nichiren dont le symbole est une fleur d’oranger dans un carré et sur la banderole au premier plan, on peut lire le mantra issu du Sutra du Lotus sur lequel repose toute la dévotion de la secte.

    Dans les environs de Zôjô-ji...

    Comme je l’ai dit précédemment, le gouvernement a presque systématiquement recouvert toutes les voies d’eau de Tokyo. Ainsi le pont existe bel et bien mais il est couvert par une voie routière. Sur cette partie du fleuve, on peut voir des embarcations qui pourraient rappeler le village de pêcheurs qu’était Shibaura à la période Edo et avant que la terre soit draguée pour en faire le district que nous connaissons actuellement abritant de nombreuses sociétés japonaises (Toshiba, Japan Times…).

     

     

     


  • Tokugawa HidetadaTokugawa Hidetada (徳川 秀忠) né le 2 mai 1579 à  -  mort le 14 mars 1632 à Edo.

    Fils de Tokugawa Ieyasu, après l'abdication de celui-ci en sa faveur en 1605, il devint le deuxième shogun de la dynastie Tokugawa.

     


  • 丸山古墳 Maruyama kofun

    Les kofuns sont des monuments funéraires semblables à des tumuli, c'est-à-dire des éminences artificielles recouvrant une sépulture.
    A Tokyo on en recense plus de 200. Le kofun Maruyama, le plus grand de ceux-ci, est de type zenpo-koen-fun 前方後円墳, une forme semblable à un trou de serrure.
    Il fut construit vers la fin du 4ème s./5ème s. de notre ère. Cela tient presque du miracle qu'il ait survécu après toutes ces péripéties historiques et aménagements immobiliers même si la partie supérieure du tertre fut déjà l'objet d'une destruction car un pavillon de thé y fut construit pendant la période Edo.
    Aucun corps ne fut découvert lors de fouilles mais on suppose qu'il était destiné à de puissants membres d'une famille de Minami-Musashi qui contrôlait les passages Nord-Sud.


  • Sakai TadakiyoSakai Tadakiyo  酒井 忠清

    (né le 29 novembre 1624 - mort le 4 juillet 1681), appelé aussi Uta-no-kami.

    Daimyo de la province de Kôzuke, conseiller de haut-rang du shogunat et vassal héréditaire du clan Tokugawa (les fudai daimyô en opposition aux tozama daimyô).

    Il a servit Tokugawa Ietsuna en tant que rôjû (parfois traduit par Ancien, une des plus hautes fonctions du gouvernement) puis en tant que tairô (parfois traduit par Grand ancien, en tant de crise il a presque les mêmes pouvoirs que le shogun et dirige rôjû, metsuke (censeurs et policiers) et wakadoshiyori (un autre conseil composé de fudai daimyô)).

    Il passe pour un être corrompu, prenant les affaires au cas par cas sans avoir une politique d'ensemble ou de buts à poursuivre. Il fut d'ailleurs souvent critiqué par ses contemporains. Il prit aussi part aux affaires de la famille Date et surtout à "l'incident Date", le litige au sein  du clan Date concernant sa succession en 1671. Les historiens considèrent qu'il intervint trop tardivement et reçut des pots-de-vins afin de n'entreprendre aucune action contre les régents du jeune Date Tsunamura.

    Il dut démissionner après la mort du shogun Ietsuna car il proposa un choix de succession ce qui allait au-delà de ses pouvoirs de tairô. Tokugawa Tsunayoshi devint shogun le lendemain, Hotta Masatoshi, qui s'était élevé contre Sakai, devint tairô à sa place. Sakai Tadakiyo mourut une année plus tard.